
Geneviève Delage a obtenu son baccalauréat en génie géologique à Polytechnique en 2003, suivie d’une maîtrise en génie industriel, qu’elle a obtenue en 2007. Cependant, elle a évolué dans le domaine financier : de Intact Assurances en passant par Desjardins, la Caisse de dépôt et de placement du Québec, ainsi que de nombreux autres postes divers et variés. Elle travaille maintenant à la Banque Nationale du Canada, en tant que directrice principale en gestion des services TI.
Ce qui l’a poussé à changer de filière ?
Ses congés maternité. Pour Geneviève, cela a été l’occasion de faire de l’introspection notamment au niveau de sa carrière. C’est après son premier congé maternité qu’elle s’est découvert un réel engouement pour le métier de gestionnaire, et elle voulait évoluer dans ce domaine. Son deuxième congé maternité a ensuite confirmé son désir de se recentrer vers la technologie, plus précisément vers l’informatique.
Ce changement d’orientation lui a valu des critiques de la part de nombreuses personnes. Ça n’a pas toujours été facile, nous confie-t-elle mais en finalité, elle est très heureuse d’avoir eu un parcours assez atypique, c’est ce qui fait sa force à présent.
« À toutes celles qui n’osent pas, mon message serait ‘osez’. Si vous avez le goût, essayez. Le pire qui puisse arriver c’est que ça ne fonctionne pas ».
Quel accomplissement de carrière la rend la plus fière?
C’est sa réorientation vers la TI, d’avoir eu le courage de poursuivre son objectif et de se recentrer vers la technologie. En effet, pour Geneviève, il n’est pas possible de travailler sans technologie aujourd’hui. Cette dernière représente un impact trop important sur nos vies et vient en appui de toutes les tâches réalisées. Il était primordial de pouvoir faire partie de ce mouvement, afin d’aider et d’outiller les équipes.
Ce changement a été progressif, il lui a fallu plusieurs années pour ce faire. Une fois sa décision prise, il a fallu naturellement être actrice de changement. Geneviève a ainsi suivi des formations, participé à des projets spéciaux, d’avantage orienté TI et parlé à des gestionnaires. Pour pouvoir se créer ses propres opportunités, il a fallu qu’elle soit à l’affut, actrice de son propre changement. Parce que, nous dit-elle « c’est bien beau de vouloir, mais il faut aussi se donner les moyens de son ambition ». Elle a su se faire confiance et dire qu’elle était capable, prête à prendre une autre direction.
« Il faut y aller étape par étape, comme en gestion de projet. Le secret c’est de ne pas se décourager. Il faut découper son projet en petits jalons et fonctionner par sprint, pour parler en langage agile. C’est le secret de ma motivation ».
Une chose qu’elle aurait aimé savoir en sortant de l'école ?
Elle aurait aimé savoir que dans la vie il faut se créer ses propres opportunités. En sortant de l’école, elle avait cette naïveté de se dire que si elle travaillait bien, qu’elle faisait ce qu’on attendait d’elle, qu’elle se donnait à 150%, alors les opportunités se présenteraient d’elles-mêmes. Bien que cela arrive dans certains cas, ce n’est pas comme ça que cela fonctionne la plupart du temps. Dans son cas, toutes ses grandes progressions de carrière ont eu lieu après un effort délibéré de sa part.
« En début de carrière j’étais plus passive, dans ma propre progression, dans mon propre développement »
Pour arriver à atteindre ses objectifs, il ne faut pas les quitter des yeux et tout mettre en œuvre pour y arriver. Elle conseille également de ne pas hésiter à aller chercher de l’aide. En effet, en général les personnes autour de nous sont la plupart du temps bienveillantes et n’hésitent pas à partager des opportunités si elles savent qu’il y a un intérêt. Dans le cas contraire, attendre ne donne pas forcément de résultat.
« Il faut décomplexer cela. En tant que femme c’est beaucoup plus compliqué d’avoir cette ambition et de la partager ».
En effet, en étant la seule femme dans un milieu masculin, il est très facile de se sentir différente. Cependant, il faut distinguer le fait d’être différente et le fait d’être inférieure explique Geneviève. Elle nous cite pour exemple, une ingénieure québécoise en génie géospatial qui travaille à la NASA et qui en début de carrière disait : « J’ai été reconnue comme étant la fille aux cheveux roses. Au début je n’aimais pas ça, parce qu’on me réduisait à mon apparence puis après je me suis dit je vais m’en servir pour que les gens se rappellent de moi ».
Et Geneviève d’ajouter : « Il faut se servir de notre différence en tant que force, surtout dans les milieux traditionnellement masculins. C’est facile d’avoir le syndrome de l’imposteur mais il faut se dire que chacun apporte quelque chose d’autre. Chacun a ses propres forces ».
La qualité d'un leader qu’elle trouve la plus importante et comment elle l’applique au quotidien.
Pour Geneviève, la qualité la plus importante d’un leader, est de de savoir créer un espace d’échange authentique, autant au sein de l’équipe qu’avec les collègues. Pour elle, en effet, les décisions que prend un leader, sont basées sur les informations qu’il ou elle reçoit, de ses collègues ou de ses employés. Dans sa carrière, Geneviève a eu l’opportunité de discuter avec de nombreuses personnes qui lui ont confié craindre de donner leur opinion en rencontre d’équipe par exemple. Cela conduit à deux finalités. La rétention d’information ou explicitement dire ce que le patron a envie d’entendre sans forcément que ce soit la solution la plus appropriée.
« En tant que gestionnaire, si tu n’as pas les vraies informations, comment peux-tu prendre de bonnes décisions ? Je pense qu’avoir un safe space au sein d’une équipe c’est super important. Ça permet aussi à chacun d’être soi-même ».
Un dernier mot pour la fin?
« Ce n’est pas raisonnable de penser qu’à 16, 17, 18, même à 25 ans tu sais ce que tu veux faire pour le restant de ta vie. Une carrière de 30 ans dans le même domaine, ce n’est plus vraiment d’actualité de nos jours. Il faut s’avoir se réinventer, s’actualiser, pour entretenir la flamme. Moi je suis quelqu’un qui travaille par passion donc je suis les passions là où elles me mènent. Je suis la preuve qu’on peut avoir une belle carrière tout en suivant ses passions. »
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