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Héloïse THU PING ONE

Manon Guillot

Manon Guillot a obtenu son bac en génie chimique à Polytechnique en 2019, avec un intérêt tout particulier pour le domaine alimentaire. Très impliquée dans la vie étudiante de Polytechnique, que ce soit au Pub ou encore au Pinep, Manon a effectué de multiples stages dont deux stages chez Laporte, avant d’y être embauchée à temps plein en janvier 2020.


Quel accomplissement de carrière la rend la plus fière ?


Son tout premier projet chez Molson. Un projet qui peut être considéré comme le projet qui n’arrive qu’une fois dans une vie. En effet, il s’agissait d’une nouvelle usine, de la plus grosse brasserie du Canada. À travers ce projet qui à l’origine devait durer 4 mois et qui s’est finalement étalé sur 4 ans, Manon s’est réellement construite en tant qu’ingénieure. Après l’école, un tel projet s’est révélé être un cours en accéléré avec une présentation de toutes les étapes.


« C'était mon premier projet. J'ai récupéré mon ordinateur le 2 février. Et le 2 février à 14h00 j’avais une première rencontre pour qu'on m'explique le projet. Et le lendemain, 3 février, j'étais au bureau de Molson pour commencer et c'était parti » 

Une chose qu’elle aurait aimé savoir en sortant de l'école ?


À l’école, la réponse facile que tout le monde donne est qu’on ne sait rien. C’est-à-dire qu’un étudiant n’aura pas encore l’expérience, le recul ou même les connaissances qui s’acquièrent dans le monde du travail. Et pour Manon, c’est un très mauvais conseil. En effet, il est vrai qu’on ne peut pas comparer l’état d’une personne en sortie d’école avec une personne qui aurait amassé plus de 15 ans d’expérience derrière elle. Cependant, cela ne veut pas dire que cette personne ne sait rien. Au contraire, elle a des connaissances, un autre regard sur les choses, une autre manière de fonctionner et ce sont ces qualités qu’il faut mettre en avant.


« Puis oui tu ne sais pas tout. Oui c'est sûr que la bonne réponse peut être que tu ne l’as pas, mais ta vision, ta façon de voir les choses est valable. Et si t'as un gut feeling au fond de toi qui te dit ah peut-être que je devrais soulever le point, il faut le soulever »

Quand Manon a intégré son premier projet à 25 ans, sa collègue la plus proche avait presque le double de son âge. Se confronter à des collègues avec une telle expérience était extrêmement intimidant. De plus, en sortant tout juste de l'école, sa confiance en elle face à l'immensité du monde professionnel n'était pas encore bien ancrée. Ainsi, selon Manon, il semblait naturel à son arrivée en entreprise de se mettre en retrait, d'écouter attentivement et d'absorber le savoir, même si cela signifiait ne pas poser de questions qui pourraient paraître évidentes. Cependant, ce n'était évidemment pas la meilleure posture à adopter.


Il faut poser des questions, sans retenue, c’est le meilleur conseil que Manon pourrait donner. Se faire confiance et poser le plus de questions possibles. La question que quelqu’un va soulever aujourd’hui, c’est surement une question que l’on ne se posera pas dans deux semaines.


« En sortie d’école, tu penses que tu ne sais rien, tout le monde assume que tu sais tout. C’est ce qui fait que la pente d’apprentissage peut être plus ou moins lente. Il faut certes se faire confiance, mais également avoir une certaine vulnérabilité pour aller chercher l’information dont on a besoin ».

Manon rappelle qu’il faut parfois se recentrer sur l’humain plutôt que sur le savoir, la technique ou les connaissances. Chaque personne a sa propre valeur ajoutée et c’est sur cela qu’il faut se concentrer. En sortie d’école, il est possible d’aller chercher des compétences partout, entre les apprentissages réalisés en cours, dans les implications ou autres activités extrascolaires, n’importe quelle activité contribue à forger ses forces.


« C'est ça, je pense qu'on on met beaucoup de côté quand on sort de l'école, on oublie un peu en fait les soft skills, on oublie nos capacités spontanées, on oublie quel genre de personne on est dans la vie »

La qualité d'un leader qu’elle trouve la plus importante et comment elle l’applique au quotidien.


« Tu vois les petits schémas où tu as quelqu’un qui marche sur 15 personnes ? Bien pour moi, c'est l'inverse, le leader c'est la personne en-dessous, c’est lui qui porte les 15 personnes »

D’après Manon, les qualités essentielles d’un leader résident dans une combinaison d’écoute, de considération de l’équipe, de bienveillance et de communication. Pour elle, un bon leader est quelqu’un qui soutient son équipe, afin de l’amener jusqu’au bout, c’est la plus belle réalisation possible. Un bon leader saura valoriser son équipe, tout en faisant comprendre sa valeur à chaque membre.


À noter également que selon Manon, contrairement à ce que beaucoup pourraient penser, un bon leader ne sera pas forcément la personne la plus organisée, la plus claire dans sa tête et dans son bureau. Ça sera plutôt quelqu’un qui a conscience de l’autre, de son équipe de son entourage.


Pour Manon, savoir qu’elle fait partie de la solution, dans une équipe où elle se sent bien est primordial et un leader devrait pouvoir faire ressentir cela aux membres de l’équipe.


La place de la femme en entreprise


Manon raconte que chez Laporte, elle a eu la chance d’évoluer dans un environnement très bienveillant, dans un secteur atteignant quasiment les 50% de femmes. Cependant, elle est également consciente que ce n’est pas le cas partout et que beaucoup de travail doit être fait encore. En 2020/2021, elle s’est retrouvée sur un chantier de construction dans une équipe certes très féminine, mais dans un milieu très masculin tout de même. Et, à l’époque, elle avait une amie en génie mécanique qui évoluait aussi dans un milieu masculin et qui craignait de paraitre trop féminine. Mais pour Manon, alors connue sur son chantier comme étant la fille aux ongles toujours faits, il n’y avait aucun problème. Être une femme dans un milieu masculin ne veut pas pour autant dire qu’il faut abandonner son côté féminin.


« J'ai le droit d’être une femme, j'ai le droit d’être féminine, j'ai le droit d'être coquette en travaillant dans un milieu d'hommes »

En particulier, dans son quotidien Manon nous confie que le nombre de femmes soudeuses, électriciennes, et autres métiers traditionnellement masculins, se multiplient, mais il y a également encore beaucoup de travail à faire.


Certes, le milieu évolue et il est fréquent de dire aux étudiantes et jeunes filles qu’elles ont leur place, et ces propos sont répétés très fréquemment. Cependant, il faut aussi se dire que ce n’est pas forcément une fin en soi. En effet, on n’a pas besoin d’être CEO, directrice, ou d’occuper n’importe quel poste important. Pour Manon, il est aussi tout à fait envisageable d’être une personne « comme tout le monde », en ayant bien évidemment sa propre force dans la vie de tous les jours.


Le mot de la fin?


« En tant que femme il faut qu’on arrête d’avoir peur, peur de l’image qu’on renvoie, de l’impression qu’on peut donner, de trop faire, pas assez, est-ce que l’on est habillé comme il faut. Il faut qu’on apprenne à se faire confiance et accepter non pas la femme que l’on est mais surtout la personne que l’on est. »

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